"Embedded" littéralement "enfoncé", "noyé", "scellé", désigne les journalistes de guerre chapeautés par l'armée qui, manipulés ou manipulateurs, servent finalement uniquement les mensonges du pouvoir politique.
Cette pièce au rythme éfreiné parle de la guerre donc on l'aura compris. Une guerre ou une autre, en fait, même si les noms à peine déguisés font référence à la guerre en Irak, mais surtout une guerre contemporaine, celle qui utilise les médias pour insuffler largement une propagande malsaine et perverse.
Une dizaine d'acteurs (de la troupe du "théâtre de pain"), se distribuent une trentaine de rôles et jouent donc tour à tour journalistes, politiciens ou soldats, par un jeu de changements de costumes aussi rapide que les changements de décors. Le tout fabriqué de bouts de ficelles (toile de camouflage de l'armée, lit de camps et vertiaires de chaque côté de la scène) et pourtant la magie opére, on est en Irak, ou dans un grand bureau de la maison blanche, bref celà fonctionne à merveille. Les acteurs sont brillants, ils chantent, jouent de la musique et servent à la perfection le texte acerbe qui verse parfois un peu trop dans la caricature.
Le thème n'a certes rien de révolutionnaire : oui les médias nous manipulent et sont eux-même souvent manipulés, oui la guerre est atroce et inhumaine, oui les politiciens qui dirigent tout cela de loin dans le seul but d'avoir toujours plus de pouvoir et toujours plus de pétrole sont des salauds, oui l'obscurantisme et la pauvreté se répandent comme la peste...mais finalement qui ne sait pas déjà tout celà?
Margré tout, il est bon de voir que les américains ne sont pas tous de stupides obèses, la télécommande dans une main et une cuisse de poulet frit dans l'autre, affalés dans leurs canapés. Il y a aussi des Tim Robbins. Et certes en France on ne fait plus beaucoup confiance aux médias, mais les médias libres, indépendants et critiques existent toujours... est-ce bien le cas encore aux Etats-Unis?
En bref, une pièce savoureuse où l'ennui n'existe pas, un vrai régal servi dans un écrin de salle tout simplement magique : le Théatre du Soleil. En effet impossible de ne pas écrire un petit mot sur cette salle époustouflante perdue au beau milieu du Bois de Vincennes dans l'ancienne cartoucherie abandonnée par l'armée (il n'y a pas de hasard...), immense hangar à l'extérieur, ambiance feutrée et chaleureuse à l'intérieur, où comble de l'extase (j'en fait peut être un peu trop...) ils servent des plats en lien avec la pièce jouée. Ce jour là, un Pollo salsa verde (plat typiquement mexicain, auquel un soldat fait référence au cours de la pièce) pour un prix très raisonnable (7 euros) et des verres de vins à 1 euros... que demande le peuple
.
Pour cette pièce, bien sûr, pas de promo, pas de pub, à peine deux petits articles dans l'Huma et Télérama... je ne me demande pas pourquoi...